Julie Adam
Le jour où j’ai arrêté de culpabiliser
Oser poser ses limites, arrêter de se mettre entre parenthèses pour le bonheur des autres. Oser dire non et cesser de faire des compromis avec nos besoins… combien sommes-nous réellement à y parvenir, je vous le demande?

Par compromis j’entends le fait d’accéder à une demande lorsque notre cœur (ou les 200 millions de neurones présents dans notre intestin) nous disent clairement non. Pourquoi diable faisons-nous cela ? Vous rendez-vous compte à quel point nous avons tous été conditionnés pour croire que ce fonctionnement est normal. Pire, pour croire que ce comportement fait de nous de bonnes personnes, des personnes aimables dans le sens littéral du terme.
A quel moment avons-nous délibérément choisi de mettre nos besoins de côté pour nous occuper de ceux des autres?
Notre société, notre éducation, usent et abusent de la culpabilisation. La situation actuelle en est probablement le plus bel exemple : Toute personne qui cherche aujourd’hui à défendre sa liberté et ses droits face aux directives anti cocorico se retrouve accusée d’égoïsme, ou pire, d’être un assassin qui ne se soucie pas du collectif!!!
Cela me fait doucement rire qu’une société capitaliste comme la nôtre utilise de tels arguments pour soumettre ses citoyens. Personnellement je n’achèterais pas les légumes d’un maraîcher si celui-ci préfère consommer ceux de quelqu’un d’autre… Je choisis de regarder le degré d’intégrité de la personne qui me donne un conseil ou un ordre avant de l’appliquer. Mais bon, je m’éloigne du sujet…
La culpabilisation, qu’elle provienne des autres ou de vous-mêmes est une technique de manipulation nocive. Elle n’a jamais de bonne raison d’exister et elle ne mènera jamais à aucun comportement positif. Qu’on se le dise !
Lorsque vous culpabilisez, vous n’êtes plus vous-mêmes. Vous ne vous écoutez plus, vous ne suivez plus vos intuitions, vous niez vos besoins. Vous vous mettez à jouer le rôle du pauvre pécheur qui cherche à racheter ses fautes. Vous vous retenez de dire ou de faire ce que vous pensez/voulez par peur de rajouter une couche et de charger encore un peu plus votre «karma». Sauf que pendant ce temps, les tensions internes s’accumulent, ainsi que la colère contre les autres et contre vous-mêmes. Et c’est reparti pour un tour… car vous finirez par pécher à nouveau face à tant de pression. Et cette nouvelle explosion viendra renourrir votre sentiment de culpabilité. C’est un combat sans fin… stérile qui plus est !

Culpabiliser vous donne le sentiment d’être quelqu’un de bien. Car si vous vous sentez mal pour ce que vous avez fait… vous ne pouvez pas être la vilaine personne que l’on croit (ou que vous croyez) n’est-ce pas ? balivernes!
Bref, arrêtons avec ça ! ça vous fait du mal inutilement et vous vous éloignez toujours un peu plus de la personne que vous êtes réellement. Pour rappel, le but est de se rapprocher de cette personne, pas l’inverse 😉
Que pouvons-nous donc faire à la place ?
Premièrement, assumez enfin qui vous êtes et arrêtez de vous excuser de vivre. Absolument personne n’est parfait, nous avons tous des tares et des tonnes de choses à régler.
Non, votre voisine n’est pas mieux que vous parce qu’elle a toujours un immense sourire greffé sur la face et qu’elle ne s’énerve jamais sur ses enfants. Même elle a sa part d’ombre ! Tout comme vous, elle fait du mieux qu’elle peut au quotidien. Je ne pense pas que vous vous leviez tous les matins en vous disant : « bon qu’est-ce que je peux faire aujourd’hui pour être vraiment désagréable et pourrir la vie des autres ? » n’est-ce pas ? (Petite note à ceux pour qui ça serait le cas : Tatie Danielle a eu du bol de tomber sur une jeune fille au pair pareille… dans la vraie vie elle finirait probablement seule à l’hospice). Oui je m’éloigne encore du sujet.
Donc, bonne nouvelle : vous n’êtes pas parfait(e), les autres non plus => tout va bien !
Deuxièmement : Respectez-vous ! Osez poser vos limites, écoutez-vous ! Vous n’avez pas envie d’aller voir untel ? N’y allez pas ! Arrêtez de vous forcer. Si vous n’en avez pas envie, il y a forcément une raison. Ce n’est pas juste parce que vous êtes paresseux ou que vous êtes un égoïste fini.
Alors attention : je ne dis pas de laisser tomber toutes vos responsabilités non plus. Si vous avez des enfants, ceux-ci sont dépendants de vous jusqu’à ce qu’ils puissent s’en sortir seuls et c’est de votre responsabilité de les accompagner. Vos parents auront peut-être également besoin de vous (ou que vous organisiez les choses pour eux) à un moment donné de leur vie, mais c’est tout. Vous n’avez pas la responsabilité du reste de la planète !!! Vous pouvez donner un coup de main si cela vous fait authentiquement plaisir, mais à partir du moment où ça dit non à l’intérieur de vous… c’est non ! Vous n’avez pourtant aucun mal à l’expliquer à votre fille lorsque vous abordez la sexualité avec elle... En quoi cela serait-il différent ?
Nous avons appris à croire que nos « non » sont des caprices égoïstes.
Nous pensons que c'est différent à cause du matraquage que nous vivons depuis l’enfance, comme je vous l’ai dit plus haut. Nous avons appris à croire (et j’insiste sur appris) que nos «non» sont des caprices égoïstes. Nous avons le devoir de nous sacrifier pour les autres.
Une croyance est faite pour être remise en question. Cette croyance vous fait-elle du bien ? «bof ça ne me touche pas vraiment vous savez, j’ai l’habitude maintenant». Regardez comme notre cerveau est fort pour nous convaincre que la situation nous convient telle quelle. Il cherchera toujours à confirmer votre croyance plutôt que l’inverse, c’est beaucoup moins confrontant. Ne vous y fiez pas ! Faites la somme de tous les non que vous n’avez pas osé dire au cours de votre vie. Quel poids pèsent-ils sur vos épaules ? (je ne digresserai pas vers la symbolique des maux de dos, mais je n’en pense pas moins :P)
Pourquoi vous faire violence pour obtenir un amour, qui de toute façon, ne viendra jamais ?
Plus vous vous assumerez, plus vous resterez alignés avec vos besoins et plus les choses deviendront fluides. Vous avez peur que les autres vous abandonnent si c’est le cas ? Bonne nouvelle: il y a plein d’autres personnes sur cette planète qui viendront les remplacer ! Si vos proches ne désirent pas que vous soyez pleinement épanouis, en valent-ils vraiment la peine? Vous aiment-ils réellement pour ce que vous êtes ? Alors pourquoi vous faire violence pour obtenir un amour, qui de toute façon, ne viendra jamais ?
La violence rend chaque jour notre un monde un peu plus laid et vous n’avez aucune envie de participer à ça.
Troisièmement : Mettez quand même les formes, on n’est pas des barbares ! Il y a une façon de dire les choses. Les hurler ou ne pas prendre le temps de choisir les mots n’est généralement pas une bonne option. Vous n’aurez probablement jamais d’ulcère, j’en conviens… mais votre relation en pâtira et la violence (parce que c’est de la violence) rend chaque jour notre un monde un peu plus laid. Vous n’avez aucune envie de participer à ça. Faites-vous aider si c’est compliqué. Il y a plein de thérapeutes prêts à vous guider sur cette voie.
Comme d’habitude… il s’agit ici de ma vision des choses et je ne cherche pas à l’imposer à qui que ce soit, ni à en débattre pendant des heures dans une guéguerre d'égos. Je vous invite simplement, si vous le désirez, à tester cela dans votre vie pour décider si vous êtes en accord ou non. Notre mental est un filou ! il passe son temps à nous entourlouper… seule l’expérience directe est valable. Tout le reste, c'est du blabla.
